
Faut-il en rajouter ? Le dernier rapport publié par Reclaim Finance, Urgewald et ShareAction (entre autres) est accablant. Le rapport, Business as Usual (Comme d’habitude, en français) ne pourrait mieux porter son nom. Entre 2021 et 2024, les plus grandes banques mondiales ont accordé 1 368 milliards de dollars aux énergies durables comme le soleil ou le vent. Pas mal. Sauf que dans le même temps, elles ont aussi accordé 3 285 milliards de dollars aux énergies fossiles. Presque 2,5 fois plus.
Ce ratio, en plus d’être mauvais, n’a pas évolué entre 2021 et 2024. « Le fait que ce ratio n'ait pas augmenté au cours des quatre dernières années révèle que les banques n'ont même pas commencé à aligner leur financement énergétique sur une trajectoire de zéro émission nette », regrette le rapport.
Parmi les grandes banques étudiées, on retrouve BNP Paribas qui a accordé 66 milliards de dollars aux énergies fossiles contre 59 milliards aux énergies renouvelables, mais aussi ING, qui a consacré 45 milliards aux énergies fossiles contre 27 aux énergies durables.
Ces résultats sont loin de l’objectif fixé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). D’ici 2030, les investissements annuels dans les énergies fossiles devraient diminuer de 60 %, tandis que ceux dans les énergies alternatives devraient plus que doubler, pour atteindre un ratio de 6:1. En d'autres termes, pour chaque dollar alloué aux énergies fossiles, 6 dollars doivent être alloués aux énergies alternatives.
La bonne nouvelle, c’est que les banques reconnaissent l’importance d’aligner leurs activités pour atteindre la neutralité carbone. La mauvaise, c’est que très peu ont déjà réfléchi à la manière dont cela changera leur manière de financer le secteur. Seules huit banques ont fixé un objectif de financement dédié au secteur de l’énergie et quatre banques seulement publient leur ratio de financement de l’approvisionnement énergétique. Malheureusement, les banques qui font figure de bonnes élèves ont aussi choisi une méthodologie assez douteuse. Les deux banques françaises qui ont un objectif ne comptabilisent pas, par exemple, les financements au gaz naturel liquéfié ou aux centrales à gaz dans leurs financements aux énergies fossiles.
« Tant qu’elles financeront autant voire davantage les énergies fossiles que leurs alternatives, elles ne pourront pas être crédibles. Il est temps de mettre fin au business as usual : cesser de soutenir l’expansion des énergies fossiles et augmenter massivement les financements des alternatives soutenables », rappelle Rémi Hermant, chargé de campagne chez Reclaim Finance.