Faut-il laisser les banques spéculer avec notre épargne ?
Les grandes banques mélangent plusieurs activités. D'un côté, elles récoltent l'épargne et octroient des crédits (banques de dépôt) et de l'autre, elles placent leurs capitaux ou ceux de leurs clients sur les marchés financiers (banques d'investissement).
Cette dernière activité étant très rentable lorsque les marchés financiers se portent bien, les banques la privilégient et utilisent l'épargne de leurs clients, profitant de la garantie que les États apportent, pour emprunter à bas prix sur les marchés financiers et investir davantage. Lorsqu'en 2008 la crise éclate, notamment en raison de prises de risque inconsidérées par les banques, les États ont été contraints de sauver les banques et de faire payer le contribuable.
Au vu de ces sauvetages coûteux1, la nécessité de modifier notre système bancaire est apparue criante.
Pour Financité, il est indispensable que les banques de dépôt et d'investissement soient strictement séparées.
Une séparation stricte permet de limiter l'intervention de l'État aux activités vitales pour l'économie (les dépôts et les crédits) sans qu'il ait à sauver des banques d'investissement – qui auraient pris trop de risques et mis ainsi en péril l'économie tout entière.
En 2013, 15.000 citoyens et 120 organisations avaient répondu à l'appel de Financité, de FairFin et du collectif citoyen Roosevelt.be et plaidé pour la séparation bancaire au niveau belge.
En avril 2014, la loi sur la réforme bancaire a été adoptée en Belgique. Il s'agit d'un pas en avant mais qui ne correspond pas à une séparation stricte. La discussion se prolonge au niveau européen. Sous la législature précédente, la Commission européenne a lancé une proposition de réforme structurelle des banques (Barnier) visant notamment une séparation des activités bancaires.
La proposition Barnier en danger au niveau européen
Malheureusement, cette proposition a été remise sur le métier par la Commission européenne actuelle, sous la pression des lobbys bancaires et de certains États membres. Alors qu'un vote décisif sur la proposition se rapprochait, 554 citoyens ont interpellé les députés européens belges en mars 2015 pour leur demander de voter en faveur de la séparation bancaire.
Le 26 mai, les députés européens ont finalement rejeté une version affaiblie de la proposition de réforme structurelle des grandes banques européennes. Le lobby bancaire a remporté une nouvelle victoire, au détriment des citoyens.
Toutefois, la proposition Barnier n'est pas complètement enterrée. Les négociations sur le sujet vont reprendre dans les mois à venir.
En savoir plus ?
Rendez-vous sur scinderlesbanques.be.
Plus qu'une semaine avant la (non) séparation des métiers bancaires? (Novembre 2014)
banques_le_dangereux_melange.pdf (Décembre 2013)
1 En Belgique, le sauvetage bancaire a coûté, selon le CADTM, 32,6 milliards d’euros, soit 9 % environ du PIB belge.