En juin 2016, une enquête du Monde dénonce les agissements du cimentier Lafarge dans la Syrie en guerre. Afin de poursuivre envers et contre tout, l'activité de son usine, dans le but unique de maintenir ses bénéfices, sa croissance et satisfaire ses investisseurs, Lafarge et ses dirigeants ont financé des groupes armés, dont Daech, sans pouvoir ignorer les crimes commis par ces groupes. Ils ont également mis en danger la vie de leurs salariés syriens. L'ONG Sherpa s'empare du sujet et dépose plainte contre la « personne morale » qu'est l'entreprise. En effet il ne suffit pas de viser des dirigeants qui pourront être licenciés sans que rien ne change vraiment dans la façon dont l'entreprise favorise le profit économique au détriment du respect des droits humains. Il faut également en appeler à la responsabilité de l’entreprise, qui, bien qu'introduite dans le code pénal français en 1990, restant encore largement flou dans le droit international. Le livre de Justine Augier retrace cette longue, fastidieuse bataille juridique faite de renvois, de cassations, de défaites et de victoires.
Plus récemment au niveau européen, le sujet de la responsabilité des entreprises fait son chemin avec l’adoption de la directive sur le devoir de vigilance, qui rend les plus grandes entreprises juridiquement responsables des conséquences de leurs activités sur l’environnement et les personnes tout au long de leur chaîne de production, et la directive CSRD, qui oblige les entreprises à plus de transparence concernant leurs impacts. Mais à peine adoptées, ces avancées sont remises en question par bon nombre de pays et d’entreprises.
Après des cas comme celui de Lafarge et au vu des progrès incertains de la réglementation européenne, les entreprises peuvent-elles encore agir en toute impunité au nom de l’impératif du profit ? Le procès Lafarge va-t-il faire jurisprudence et renforcer la responsabilisation des personnes morales ? Comment en tant que citoyen pouvons-nous éviter de soutenir ce type d agissements ?
Financité interrogera l’autrice sur son travail d’écriture, comme sur le cas Lafarge, tout en abordant les nombreuses questions posées au monde des grandes entreprises et au monde politique et judiciaire par cette affaire.
Inscriptions auprès de la librairie : par mail (info@alivreouvert.be) ou par téléphone (02/762,98,76)