Il est urgent de financer la rénovation des bâtiments en Wallonie

03/12/2020 (h)

En 2017, les bâtiments étaient responsables de 38 % des consommations d’énergie de la Région wallonne. Ces consommations représentent à elles seules 21 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Région, contre 25% pour les transports, 29% pour l’industrie, 13% pour l’agriculture, 8 % pour la production d’électricité, et 4 % pour la gestion des déchets et autres. L’amélioration des émissions dans le secteur du bâtiment a dès lors un rôle clé à jouer dans la transition vers une société sobre en carbone.

Afin de mettre en œuvre une directive européenne de 2018 sur le sujet, le Gouvernement wallon vient de mettre à jour et de publier sa nouvelle stratégie de rénovation à long terme des bâtiments, réalisée avec le soutient de CLIMACT, Financité et le CEESE de l'ULB. Cette stratégie est un maillon clé des politiques de la Région visant à atteindre sa neutralité carbone pour 2050.
Un des objectifs de la stratégie est d’arriver en 2050 à ce que le parc des habitations résidentielles ait une moyenne de PEB A, alors que la moyenne actuelle est de F. Cela représente une amélioration moyenne du parc de 81% et permettrait une réduction de 41% de la consommation d’énergie primaire des logements. Pour que cette moyenne soit atteinte, il faudra par conséquent qu’une partie des habitations du parc puisse se vanter d’atteindre un meilleur niveau afin de palier à ceux qui ne pourront le faire. Le coût global pour atteindre cet objectif de rénovation des logements wallons est évalué à 120 milliards d’ici 2050.
Cette nouvelle stratégie vise également à améliorer le confort et la santé des habitant·e·s, avec une attention particulière aux personnes en situation de précarité, à réduire les impacts environnementaux liés à l’occupation du parc de bâtiments et son infrastructure et à diminuer la dépendance énergétique de la Région.
On le voit, avec cette stratégie, la Wallonie se veut ambitieuse et porteuse d’objectifs importants dans cette période où la majorité de la population est contrainte de rester à la maison et de voir sa consommation d’énergie grimper.

Financité a travaillé en tant qu’expert sur la manière dont la stratégie peut s’armer d’outils de financement solides. Voici certains extraits choisis qui vous montrent que les solutions existent . Il « suffit » de les activer :

« Pour les logemewallonents privés, qui représentent 17% des émissions de GES, il faut  favoriser l’accès au crédit pour de la rénovation profonde au plus grand nombre : 75 % du parc de bâtiments sont composés de logements privés dont les propriétaires passeront en grande majorité par un crédit hypothécaire ou prêt à tempérament pour financer leurs travaux. Travailler, en collaboration avec les banques de détail, à l’optimalisation des modalités des crédits “classiques” afin qu’ils permettent de financer la rénovation profonde est une priorité. Il est également essentiel de développer de nouveaux produits financiers afin d’offrir une solution de financement aux propriétaires n’ayant pas accès aux crédits classiques en raison de leur âge ou de leurs revenus. Cela d’autant plus que la Région entend rénover prioritairement les logements les moins performants, plus susceptibles d’appartenir ou d’être occupés par des ménages plus vulnérables. La Région va mener une expérience pilote en vue de tester des dispositifs tels que l’octroi de crédit à taux réduit et les prêts liés au bâtiment, assortis d’une garantie de la Région, visant les publics n’ayant actuellement pas accès au crédit classique.

La stratégie met en lumière différents moyens disponibles pour mobiliser les investissements.

  • L’épargne privée peut être ainsi mobilisée : les comptes d’épargne des belges affichent en effet plus de 280 milliards d’euros. Une partie de cette épargne pourrait permettre d’atteindre les objectifs nationaux et régionaux en matière d’efficacité énergétique. Développer un ou plusieurs fonds d’investissement pour la rénovation, émettre des obligations pour rénover des bâtiments publics et développer ou investir dans des plateformes de crowdfunding qui financent des projets fonciers est essentiel et permettra de capter une partie de cette épargne et de jouer un effet de levier significatif sur l’investissement public dans la rénovation.
  • Les fonds européens sont également une source de financement, et  les fonds régionaux devront aussi être sollicités. Une partie des ménages dispose d’une situation financière saine mais néanmoins insuffisante pour obtenir le crédit nécessaire auprès des banques. Pour les banques, ce segment de clientèle présente un profil de risque légèrement plus élevé que ce que leur politique en matière de gestion du risque est prête à accepter. Dans le cadre d’un projet pilote de développement des produits financiers innovants adaptés à la rénovation profonde pour les personnes exclues du crédit classique, la Région pourrait prendre à son compte la partie du risque excédentaire présenté par ce segment, qui a entraîné le refus d’octroi du crédit. Ces fonds régionaux sont une garantie et non une dépense. »

 

Dans une interview donnée ce jour dans le journal l’Echo, le Ministre wallon de l’Energie et du Climat, Philippe Henry, souligne qu’aujourd’hui, on rénove 1% du bâti par an et indique qu’il appartient aux pouvoirs publics de créer des leviers d’amplification : «  Un euro public doit mobiliser 10 euros du privé pour ce type de projet ». Il annonce ainsi la création d’un Fonds public pour la rénovation du bâti, qu’il espère lancer dès 20121.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la Région wallone. Et pour toutes questions relatives au volet financement de la stratégie, veuillez contacter Lise Disneur (lise.disneur@financite.be).

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