
Ce mardi 26 mai, les députés européens ont rejeté la proposition de réforme structurelle des grandes banques européennes. Une mesure pourtant décrite par les experts comme fondamentale afin d'éviter une nouvelle crise financière. Au détriment des citoyens, le lobby bancaire remporte une nouvelle victoire.
Les députés européens, membres de la commission des affaires économiques viennent de rejeter la proposition de compromis sur la réforme structurelle des grandes banques européennes. Il a été convenu de reprendre les négociations et de revoter - probablement à partir de la rentrée - un texte donnant les pouvoirs à la Commission européenne (et aux ministres des États membres) de déterminer les conditions à partir desquelles une banque doit séparer ses activités de dépôts et d'investissements. Il n'est donc même plus question ici d'une séparation "automatique" selon des critères précis.
Alors que l'Union européenne, peine encore à se relever de la crise financière de 2008, la séparation des métiers bancaires étaient pourtant la solution avancée par nombre d'experts pour éviter qu'une nouvelle crise se produise.
Selon, eux une stricte séparation a un double avantage : d'une part, que les dépôts des épargnants ne soient mis en danger à cause d'investissements financiers hautement risqués pratiqués par la partie « banque d'affaires » et, d'autre part, que les États ne doivent à nouveau s'endetter pour « sauver les banques ».
Les lobbies bancaires
Depuis la proposition déposée par le Commissaire Barnier en janvier 2014 visant à une séparation forte entre banque de dépôts et banque d'affaires, les lobbies financiers ont fait leur œuvre.
En 2014, les banques ont fortement intensifié leur lobbying dans la capitale européenne. Ainsi en un an, Deutsche Bank, a multiplié par 2 ses dépenses auprès des institutions, passant de 2 millions d'euros à 4 millions d'euros !
Au niveau européen, le secteur financier emploi 1700 lobbyistes, soit 4 fois plus de personnes que de fonctionnaires travaillant dans ce domaine à la Commission européenne.
Désormais, l'idée que la relance économique ne peut que passer par le marché financier – et que l'activité commerciale n'est pas rentable pour la banque – est portée par la nouvelle Commission. Cette vision s'est reflétée dans les discussions au sein de ECON. Le texte de départ a été tellement modifié que de nombreux parlementaires ont préféré rejeter le texte plutôt que de s'engager pour une coquille vide.
Pour une séparation des activités bancaires
En ces temps d'austérité, l'importance de la séparation des métiers bancaires n'est pas une idée aisément compréhensible pour nombre de citoyens. Pourtant, en 2013, 15.000 citoyens et 120 organisations avaient répondu à l'appel du Réseau Financité, de FairFin et du collectif citoyen Roosevelt.be et plaidé pour la séparation bancaire au niveau belge. Entre novembre 2014 et mars 2015, une vingtaine d'organisations et plus de 500 personnes ont interpellé leurs députés européens belges de la Commission parlementaire ECON pour leur demander de voter en faveur de la séparation bancaire.
Le Réseau Financité, mouvement citoyen pour une finance responsable, reste convaincu qu'une séparation stricte des activités bancaires est indispensable et réalisable. Il appelle le monde politique à prendre ses responsabilités et à faire en sorte que la finance réponde à l'intérêt général et soit au service de l'ensemble de la population.