Dans la dernière mise à jour du Scan des banques, les grandes banques font à nouveau piètre figure. Il est plus clair que jamais qu'elles ne désirent pas réellement changer leurs politiques. Si nous voulons des banques durables et responsables, il est temps d'augmenter la pression et d'exiger que notre gouvernement leur impose des règles. L’impulsion vient des petites banques, qui prennent des décisions importantes.
Tous les deux ans, FairFin passe au peigne fin les politiques d'investissement des banques opérant en Belgique. L’organisation se concentre sur les grandes banques qui ont le plus de client·e·s et sur un certain nombre de petits acteurs durables. Les banques sont étudiées sur dix thèmes socialement pertinents, allant du changement climatique et des droits humains, en passant par l'évasion fiscale et la corruption.
Les grandes banques continuent de financer la crise climatique
Bien que nous observions une légère progression dans les scores de toutes les banques cette année, les grandes banques (ING, KBC, BNP Paribas, Belfius et Deutsche Bank) restent en bas de tableau sans réelle évolution. Nous le voyons très clairement dans leur politique climatique. Les grandes banques font de petits pas en avant ici et là, mais il ne s’agit que d’une goutte d'eau dans l'océan comparé à l'ampleur de la crise climatique.
L'année dernière, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a lancé un avertissement clair : nous devons cesser dès maintenant d'exploiter de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, sinon il sera impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Néanmoins, presque aucune grande banque n'exclut les nouvelles exploitations de pétrole et de gaz dans sa politique. Seule KBC a déjà promis de ne pas financer directement de nouvelles exploitations minières. C'est un premier pas, cela reste insuffisant.
En outre, aucune grande banque n'exclut complètement les entreprises de charbon de sa politique d’investissement. On trouve bien des échéances, des promesses et des exceptions, mais elles n'empêchent pas le flux d'argent des grandes banques belges vers le charbon.
Trop de place pour les investissements nuisibles
Dans d'autres thèmes également, la politique d’investissement est vague ou incomplète, l'argent continue de circuler vers des entreprises qui nuisent à l’environnement, qui violent les droits humains ou ont recours au travail des enfants.
Des banques affirment par exemple qu’elles sont contre la déforestation sans fixer de règles claires et financent malgré tout des entreprises qui détruisent la forêt amazonienne. Lorsque les banques ne fixent pas de conditions relatives au travail des enfants pour l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, elles peuvent tout de même financer des entreprises comme Nestlé, dont il est prouvé qu'elles font travailler des enfants dans leurs chaînes d'approvisionnement. Car bien sûr, l'exploitation ne se fait pas dans les sièges sociaux de ces multinationales, mais dans les fermes des agriculteurs et agricultrices pauvres à qui elles achètent du cacao.
Les petites banques montrent la voie
Les petites banques montrent cependant qu'il est possible de faire de grands pas en avant en matière de politique d'investissement. Argenta, par exemple, exclut complètement le charbon, et Triodos, vdk bank et NewB excluent toutes les combustibles fossiles, qu'il s’agisse d’exploitations nouvelles ou existantes.
Depuis de nombreuses années, la Banque Triodos impose des exigences strictes à la chaîne d'approvisionnement des entreprises qu'elle finance. NewB promet une transparence totale dans son financement, et la vdk bank accroît également ses efforts dans ce domaine.
Le problème est que les petites banques ont beaucoup moins d'argent entre les mains. BNP Paribas, KBC, Belfius et ING dominent le secteur bancaire belge. Ces grandes banques ont une plus grande influence et donc une plus grande responsabilité. Mais dans leur quête de profits élevés à court terme, elles continuent à faire des choix néfastes.
Le gouvernement regarde depuis les coulisses
Belfius et BNP Paribas se distinguent. L'État belge est le principal actionnaire du groupe français BNP Paribas et détient même la totalité du capital de Belfius. Pourtant, ces deux banques figurent au bas de l'échelle du Scan des banques.
Les actions de ces banques sont arrivées dans les mains de notre gouvernement suite aux plans de sauvetage liés à la crise financière. Après cet investissement de milliards d'euros avec l'argent des contribuables, on s'attendrait à ce que nous exigions un contrôle démocratique et une participation au fonctionnement de ces banques, mais ce n'est pas le cas. Notre gouvernement devrait user de son influence auprès de BNP Paribas et Belfius pour s'assurer qu'elles assurent une responsabilité sociale forte.
FairFin, soutenu par Financité,vise le gouvernement : il doit réguler le secteur bancaire. Nous préconisons des lois nationales et européennes qui poussent l'ensemble du secteur financier dans la bonne direction. Les multinationales et les banques qui les financent doivent être tenues responsables de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Les investissements dans les combustibles fossiles doivent être éliminés et les investissements dans de nouvelles sources fossiles interdits. Les banques doivent également être contraintes à la transparence afin que des mesures puissent être prises plus rapidement lorsqu'elles investissent dans des pratiques nuisibles.
En même temps, FairFin et Financité, avec vous, continuent à faire pression sur les banques elles-mêmes. Nous exigeons des politiques claires, tant pour les entreprises dans lesquelles les banques investissent que pour les chaînes d'approvisionnement de ces entreprises. Les grandes banques doivent assumer l’impact de leurs investissements sur la planète et sur les personnes. Les promesses vagues et les lacunes ne suffisent pas.
Êtes-vous d'accord ? Découvrez comment agir et contribuez à faire monter la pression.