
Groupes d'achat solidaires : l'unité dans la diversité
Qu’entend-on par…
AMAP : Association pour le maintien de l'agriculture paysanne
GAS ou GASAP : Groupes d’achat solidaires (de l’agriculture paysanne)
GACs : Groupes d’achats communs ou collectifs
Paniers bio : formule d’abonnement à un panier bio hebdomadaire (panier de légumes, panier mixte de fruits et légumes, ou assortiment d’autres produits, comme des fromages).
Circuits courts : circuits de distribution de produits paysans (bio pour la plupart, mais la certification n’est pas toujours requise) permettant aux producteurs de fidéliser une clientèle de proximité qui, en s’abonnant, contribue au financement de son activité. Pour le consommateur, l’avantage est d’être livré régulièrement et à un prix intéressant du fait qu’il n’y a pas d’intermédiaire rémunéré. Si les distances sont réduites, le circuit est encore plus court !
Préfinancement : l’abonnement à un service régulier de livraison de produits fermiers, permet de financer a minima la distribution des produits. Si l’engagement du consommateur s’inscrit dans le long terme comme le proposent les GASAP (via un contrat d'un an), l’assurance d’un revenu régulier pour le producteur facilite le financement de l’ensemble de son activité, depuis la production jusqu’à la livraison en passant par la transformation.
Dis-moi avec qui tu achètes, je te dirai qui tu es
Il existe différents types de groupements d'achat, hebdomadaires ou bi-mensuels, de légumes ou autres victuailles de producteurs paysans. Leurs membres se répartissent les tâches liées aux commandes et aux livraisons. En général, les paniers sont livrés dans le local d’une association ou d’un particulier et les acheteurs peuvent venir les chercher à un moment déterminé ou endéans une tranche horaire convenue. Certains magasins de produits bio proposent un service similaire. Du côté des producteurs, d'aucuns proposent aux consommateurs de s’abonner à de tels paniers via leur site Internet. Dans ce cas, le GAS local ne s’occupe que des livraisons et non des commandes. D'autres groupes gèrent eux-mêmes les commandes, bref les modes de paiement et les formules d'abonnement diffèrent quelque peu d'un groupe à l'autre.
Le point commun de tous ces groupes est en tout cas de sortir de la logique individuelle qui caractérise en général l'acte d'achat, pour agir collectivement, dans un esprit de coopération avec les producteurs. Ils partagent donc tous une optique de solidarité vis-à-vis de l’agriculture paysanne, même s’ils ne s’appellent pas formellement « GASAP » ou « AMAP » (cette dernière abréviation étant plus couramment utilisée en France). Ces distinctions de noms sont liées à l’histoire des groupes d’achat, certains existant depuis plus de 10 ans... La preuve que ça marche ! Les demandes d'adhésion sont d'ailleurs en croissance constante.
L'engagement des membres et l'assortiment de produits achetés en commun varient aussi d'un groupe à l'autre. Certains GAS tiennent à acheter des produits certifiés bio. Pour d'autres ce critère n'est pas prépondérant, à partir du moment où une relation de confiance est établie avec le producteur qu'ils ont choisi en connaissance de cause.
Charte des GASAP
Riches de leur diversité d'expériences, nouveaux et anciens groupes locaux sont invités à rejoindre le réseau des GAS(AP) et à adopter la charte proposée par le collectif des GAS de Bruxelles. Cette charte, signée par les membres des groupes d'achat solidaires et par les producteurs qui les fournissent, définit les principes de l'agriculture paysanne, de l'écologie et de l'alimentation sur base de produits locaux. Il s'agit aussi de fonctionner en autogestion et en toute convivialité. La charte propose enfin des critères de choix des produits et des producteurs ainsi que des modes d'organisation pratique.
Mobilisation citoyenne pour l'agriculture paysanne
Depuis que les producteurs laitiers wallons ont tempêté durant tout l'été 2009 jusqu'à aller déverser leur lait dans les champs de Ciney, de nombreux citoyens veulent soutenir plus concrètement l'agriculture paysanne. Un réseau d'organisations actives dans ce domaine et aux expertises complémentaires s'échafaude. Il s'agit de stimuler les bonnes pratiques par le biais d'échanges d'expériences, de favoriser l'autonomie des producteurs, de promouvoir les pratiques agricoles garantes du respect de l'environnement et les conditions de travail décentes pour les paysans. Ces organisations veulent aussi s'entendre pour pouvoir exercer une influence plus décisive sur les décideurs politiques.
Et parce que le rapport de force ne se construit pas sans argent, il s'agit de promouvoir, via ce réseau, des pratiques financières solidaires permettant aux citoyens de soutenir l'agriculture paysanne non seulement comme consommateurs mais aussi comme investisseurs !
La finance solidaire est déjà au rendez-vous
Des coopératives agricoles existent depuis de nombreuses années en Belgique : Ferme du Hayon à Virton (coopérative foncière créée en 1997), Coprosain (coopérative de transformation créée en 1985)... Saluons la toute nouvelle coopérative de producteurs laitiers Faircoop !
D'autres producteurs se font financer par le biais d'abonnements regroupés au sein des GAS : la ferme Arc-en-Ciel de Wellin qui a adopté ce mode de distribution en 2007, a pu depuis, créer un emploi supplémentaire.
En Flandre, grâce aux « Voedselteams » qui existent depuis 1996, 80 producteurs livrent chaque semaine le fruit de leur travail à 2000 familles... Dont le nombre croît d'année en année.
Quant au succès rencontré en France par Terre de Liens, il suscite un véritable engouement en Wallonie comme en Flandre. Son initiateur, Sjoerd Wartena, Néerlandais établi dans la Drôme, s'en félicite. Pour lui, il va de soi que la promotion d'une agriculture paysanne, durable et solidaire, doit se faire au niveau européen et il y contribue activement !