Coter les fonds

12/2008
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Il existe aujourd'hui plus de 160 produits socialement responsables sur le marché belge. L'appellation n'étant pas protégée, la manière dont les gestionnaires financiers s'y prennent diffère fortement d'un produit à l'autre, ce qui rend le choix d'investissement difficile. Désormais, il existe une cotation des produits ISR qui permet de les classer sur une base objective.

Depuis sa parution en Belgique en 1984 au travers d’un compte d’épargne, l’investissement socialement responsable a le vent en poupe... ou du moins l’avait avant l’éclatement de la crise financière mondiale.
La palette de produits socialement responsable s’est considérablement enrichie et diversifiée, principalement pour les fonds de placement.

D’une septantaine de fonds en 2005, on est passé à 100 en 2006 pour franchir la barre des 150 début 2008. La problématique du changement climatique et la déferlante de la vague verte qui l’accompagne est l’un des facteurs explicatifs de ce positionnement « socialement responsable » de nos institutions financières. L’intérêt croissant des investisseurs institutionnels et des particuliers en est un autre.

La crise financière qui secoue le monde actuellement n’épargne cependant pas la finance socialement responsable et il est certain que peu de fonds de ce type ont vu le jour récemment. Néanmoins, l’avenir nous le
dira, cette crise financière qui est essentiellement une crise du risque sera peut-être un levier considérable pour l’ISR en soulignant toute l’importance de lier son investissement à l’économie réelle et de connaître la composition des portefeuilles et des entreprises dans lesquelles on investit.

Plutôt que de se borner aux seuls aspects financiers, le gestionnaire devrait, selon les principes fondamentaux de l’ISR, prendre en compte les critères extra-financiers tels que l’éthique, le social, l’environnemental et la bonne gouvernance lorsqu’il sélectionne les entreprises ou les Etats pour composer le portefeuille d’investissement. Cette analyse globale lui permettrait d’investir en connaissance de cause en intégrant aux risques financiers et matériels d’une entreprise les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance également.

Beaucoup de promoteurs de l’ISR pourraient « profiter » de cette crise pour mettre ou remettre en avant leurs produits socialement responsables. Cependant, en l’absence d’une définition reconnue de l’ISR, tout fonds qui prend en compte des critères extra-financiers peut se revendiquer d’en être. Même si l’information divulguée par nos institutions financières s’est étoffée depuis les années ‘80, la qualité varie très fortement d’un prospectus à l’autre et l’investisseur n’est pas à l’abri de dérives commerciales.

Pour ne pas acheter un chat dans un sac

Soucieux d’améliorer une lecture qualitative des fonds pour permettre à l’investisseur de faire un choix en toute connaissance de cause, le Réseau Financement Alternatif vient de développer une méthodologie d’évaluation de la qualité des fonds ISR. Cette évaluation des fonds poursuit l’objectif d’aider l’investisseur à s’y retrouver parmi l’ensemble des produits financiers ISR (plus de 160 à ce jour) et leurs variantes dans leurs approches socialement responsables.

Les quelque 160 fonds ont été passés au crible et jugés selon sept critères objectifs, divisés en sous-critères et pondérés en fonction de leur importance et ramenés à une échelle allant de 1 à 4.

Voir le détail de la méthodologie

Les 7 critères pour juger de la qualité d’un fonds :

  1. Les critères de sélection. Par exemple, le fonds exclut-il simplement les entreprises actives dans certains secteurs d’activité (la fabrication d’armes, la pornographie,...), ou n’investit-il que dans une thématique particulière (l’eau, l’énergie,...) ou encore investit-il uniquement dans les meilleures entreprises tant sur le plan environnemental, social que de bonne gouvernance ?
  2. Les garanties mises en place par le gestionnaire pour assurer la qualité ISR du fonds. Par exemple, y a-t-il un comité scientifique pour l’ISR ? Une certification ou une labellisation du fonds par un organisme externe ?
  3. Les sources d’information utilisées pour réaliser l’analyse extra-financière des entreprises. Par exemple, la récolte d’information se fait-elle en interne ou via une société externe spécialisée dans l’analyse extra-financière ?
  4. Certains aspects de la méthodologie de sélection tels que la fréquence de mise à jour des profils des entreprises, la mise en place d’une fonction de veille, l’étendue de la recherche extra-financière (l’analyse peut se contenter d’étudier les données de la maison-mère mais idéalement ira jusqu’aux partenaires de l’entreprise (les filiales, fournisseurs, etc.).
  5. La transparence en termes de communication du promoteur du produit. Par exemple, la facilité d’accès à l’information ISR pour l’investisseur, la publication détaillée de la méthodologie et des critères utilisés, la publication du portefeuille d’investissement, des entreprises acceptées et rejetées, etc.
  6. L’activisme actionnarial du promoteur (1). Par exemple, participe-t-il aux assemblées générales des principales entreprises détenues en portefeuille ? A-t-il mis en place une politique de vote spécifique ISR ?
  7. L’analyse des Etats. Par exemple, le fonds investit-il dans des obligations d’Etat, pratique-t-il une sélection ISR des Etats ? Si oui, quelle est la méthodologie, les sources d’information ? Y a-t-il une fonction de veille, etc.

(1) L’activisme actionnarial consiste à utiliser son droit de vote lors des assemblées générales en vue d’influer sur les décisions de l’entreprise et l’obliger ainsi à se comporter de manière plus responsable.

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