Crédit à tout prix

Ce document est disponible dans notre centre de documentation (référence RV-BAYO2008-1/58)
15/06/2010
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Auteur(s): 

Editeur: 

Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)

Type de document: 

Pas d'argent sur vous ? Ce n'est pas grave. Ouvrez un compte crédit dans un supermarché et accédez à vos rêves les plus fous...

En Bref :

  • Le supermarché n’est pas une banque.
  • Le consommateur ignore souvent ce à quoi il s’engage.
  • Le credit revolving coûte très cher

On n’a jamais vu un avocat opérer une tumeur à la place d’un médecin. Pourquoi, dès lors, voir des vendeurs accorder des crédits à la place des banquiers ? ! En leur qualité de commerçants, ils ont pour objectif d’assouvir votre soif de consommation, au plus vite. Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent à eux. Le credit revolving ou crédit permanent en est une. Ce type de crédit permet d’obtenir une réserve permanente d’argent et de puiser quasi indéfiniment dans ses réserves. Une offre qui continue de séduire, à leurs dépens, de nombreux consommateurs.

Concrètement, ça marche comment ?

Partons d’un cas concret (1) : Sophie est au supermarché. Séduite par la promotion sur le dernier home cinema, elle hésite à l’acheter. Le problème est qu’il coûte 3 000 euros, somme que ne possède pas Sophie. C’est alors qu’intervient le vendeur : Vous souhaitez acheter ce magnifique home cinema ? Rien de plus simple ! Payez avec une carte de crédit du supermarché. C’est gratuit et vous prenez le temps qu’il vous faut pour rembourser. Et pour cause, plus le temps passe, plus le supermarché engrange des bénéfices. Pourquoi ? Comme son nom l’indique, le crédit permanent ne court pas sur une échéance, mais est à durée indéterminée. Les intérêts continuent de courir aussi longtemps que votre crédit n’est pas remboursé.
Aussitôt votre premier remboursement effectué, le montant remboursé réintègre votre réserve et redevient empruntable comme nouveau crédit. Votre réserve devient ainsi intemporelle et il n’est pas nécessaire de rembourser la totalité du premier emprunt pour en contracter un nouveau. Mais revenons au cas de Sophie. Elle doit rembourser mensuellement 5 % du solde restant dû, avec un minimum de 25 euros par mois. Le taux d’intérêt effectif global dans son cas est de 17 %. Dans ces conditions, Sophie devra débourser le premier mois 189,51 euros ! Ce n’est qu’à partir du 14e mois de remboursement qu’elle passera en dessous de la barre des 100 euros par mois. Elle devra attendre le 41e mois pour atteindre le montant de 25 euros et 55 mois pour rembourser intégralement son home cinema. Soit plus de 4 ans et demi ! Si Sophie décide en plus de réemprunter régulièrement pour d’autres achats le montant qu’elle a déjà remboursé, elle court à sa perte.

Où est le problème ?

La loi belge protège le consommateur des crédits abusifs à la consommation. La capacité d’emprunt du consommateur lui est garantie pour autant que celui-ci dispose d’une capacité de remboursement adéquate et suffisante. L’ensemble des professionnels du crédit s’accorde pour considérer l’octroi de crédit comme un acte sérieux et responsable. Ils se doivent de connaître l’identité du consommateur, de déterminer avec lui les besoins de financement, de le conseiller sur le but du crédit. Ils se doivent d’évaluer la solvabilité de leur client et de lui donner toute information nécessaire concernant le contrat de crédit envisagé (2).
Avant d’accorder un prêt, ils doivent consulter la Centrale des Crédits aux Particuliers. Ce registre central des crédits belges reprend les informations relatives aux crédits hypothécaires et aux crédits à la consommation de chaque contractant. Pas question donc d’endetter un client en lui prêtant une somme qu’il ne peut rembourser. En théorie, le consommateur est protégé et informé. En pratique, les groupes bancaires se dégagent de leur responsabilité en développant une offre de crédit vendue en grandes surfaces. Les vendeurs qui y opèrent s’y connaissent peu en matière financière et ne remplissent pas le devoir de conseil auquel ils sont tenus. Une telle facilité d’obtention de ce type de crédit (souvenons-nous de Sophie) liée à une information plus que lacunaire (souvent, les personnes ignorent les conditions du crédit) emmènent, presque à leur insu, un certain nombre de personnes sur la piste glissante du surendettement. Fin 2009, la Banque Nationale de Belgique établissait que 40,5 % des défauts de paiement étaient dû à des ouvertures de crédits.

(1) Basé sur un exemple du bimestriel Budget & Droits de janvier/février 2009 n°202, pp32-33
(2) Crédits en grandes surfaces et devoir de conseil : les banques jouent-elles un double jeu ?, Olivier Jérusalmy, www.financite.be, rubrique « bibliothèque »

Chaque année, la plateforme Journée sans crédit sensibilise 

le grand public aux dangers du crédit facile

Organisée par vingt associations francophones et néerlandophones, la plate-forme Journée sans crédit a pour objectif de sensibiliser les consommateurs aux dangers du crédit facile et de formuler des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la protection des consommateurs les plus fragilisés. Retrouvez leurs trucs et astuces pour éviter le surendettement sur www.journeesanscredit.be.

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