En bref
- L'habitat groupé a dépassé le stade de l'utopie.
- La ferme de Vévy-Wéron en est la preuve. Sa particularité est d'avoir développé une multitude d'activités économiques.
Contrairement aux années 60 où l'habitat groupé était marginalisé et bien souvent attribué aux seuls idéalistes, il s'organise aujourd'hui sur le plan juridique et continue de se trouver des formes nouvelles. Si ce regain d'intérêt n'est pas étranger à l'augmentation des prix de l'immobilier, il est surtout dû à une envie de recréer du lien social.
Une formule magique ?
C'est exagéré de le dire. Mais l'habitat groupé apporte beaucoup de réponses à la crisedu logement. D'abord une réponse financière, il est plus facile d'acheter ou de louer un habitat lorsqu'on se partage le loyer. Ensuite une réponse solidaire : en recréant des espaces de vie communs, l'habitat groupé lutte contre la logique du « chacun-pour-soi ». Enfin, une réponse économique, la collectivité étant par nature plus productrice de richesses que l'individualité. Mais l'habitat collectif reste freiné par des difficultés inhérentes à la loi belge, dont le fait pour les personnes ayant le statut d'isolé de voir leurs revenus diminuer lorsqu'elles décident d'habiter en collectivité. Une mesure qui constitue pour beaucoup un frein à la solidarité.
La ferme de Vévy-Wéron
Située près de Namur, la ferme de vévy-Wéron vit l'aventure de l'habitat groupé depuis 15 ans déjà et regroupe aujourd'hui plus de 40 personnes. Ferme biologique au départ, on y trouve maintenant une boulangerie, un centre d'accueil pour des stages sur l'écologie, une épicerie et un centre culturel. Toutes ces activités économiques sont gérées par des habitants de la ferme, établis comme indépendants. Une fois par mois, les habitants se réunissent pour discuter d'abord, et entretenir ce lieu grand de 12 hectares ensuite. Le fait que la ferme appartienne à un seul propriétaire facilite énormément les choses lorsque vous avez des projets à développer : il y a moins de paperasserie. Et cela vous permet aussi d'accéder à un cadre de rêve, sans pour autant être à la tête d'une somme d'argent importante, explique Danièle Pasteur, locataire de la ferme de Vévy-Wéron. Il s'agit de mettre en commun des biens, des équipements et des compétences, mais dans le respect continu de l'intimité des uns et des autres, explique Georges Debaisieux, propriétaire des lieux. Les paniers bios sont vendus à travers la Wallonie et à Bruxelles et son centre d'accueil affiche complet tous les mois. La boulangerie et le centre culturel offrent à la population locale des produits de qualité et une source de divertissement qui se fait rare dans les villages. Le tout dans la convivialité et le respect de l'environnement.
www.vevyweron.be
Thibaut Monnier