La finance expliquée : Le marché interbancaire

01/03/2020
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Réseau Financité

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Depuis leur création, les banques commerciales se prêtent et s’échangent des réserves sur ce qu’elles appellent le marché interbancaire. Elles y utilisent une monnaie qui n’appartient qu’à elles, mais qui influence l’ensemble de l’économie.

« La banque centrale craint de nouveaux stress sur le marché des liquidités et considère de nouvelles injections pour assurer le fonctionnement et la transmission de la politique monétaire. » Déjà entendu ce charabia ? Derrière ce jargon d’expert·e·s se cache l’une des places les plus importantes de notre modèle économique : le marché interbancaire.

Depuis leur création, les banques commerciales ont pris pour habitude de s’échanger et de se prêter des réserves des dépôts des client·e·s. Imaginez vous en 1720. Vous avez un certificat (un bout de papier) de la banque A qui promet de vous rendre 100 Louis d’or sur présentation de ce document. Vous pouviez (sous réserve) l’échanger à la banque B et obtenir vos précieuses pièces.

Tous les soirs, les banques se retrouvent alors pour s’échanger les certificats qu’elles ont perçus des autres banques. Dans ce cas, la banque A devait s’acquitter du montant de 100 Louis d’or aux gérant·e·s de la banque B. Si la banque n’avait pas les moyens, elle pouvait les emprunter en attendant le lendemain qu’un·e client·e fasse la même opération dans l’autre sens. Naturellement, cela avait un coût. Le marché des dettes et créances interbancaires était né.

Mais que s'échangent-elles aujourd'hui ?

Cela fait des décennies maintenant que le secteur ne prend plus la peine de faire croire que les bouts de papiers et montants électroniques sur les comptes client·e·s sont couverts par de l’or. Néanmoins, les banques utilisent aujourd’hui un substitut : les « réserves banque centrale ».

Cette monnaie, émise par la Banque centrale, ne circule qu’entre les acteur·rice·s bancaires et la banque centrale ellemême. En réalité, elles sont le quasi-équivalent des billets et des pièces, mais en format électronique. La BCE impose d’avoir 1 % de l’équivalent des dépôts en réserve sous cette forme pour s’assurer que les banques commerciales pourront bien fournir les liquidités nécessaires à leurs client·e·s.

Ce que l’on appelle une « crise des liquidités » limite la disponibilité de ces réserves aux banques commerciales. Elles deviennent alors incapables d’opérer les transactions entre les particulier·ère·s ou de permettre des
retraits aux guichets. C’est la triste histoire survenue en Grèce et ailleurs suite à la crise de 2008.

C’est pour éviter cela que la Banque centrale européenne a « injecté des liquidités » dans le secteur bancaire. Entendez : elle a permis aux banques d’obtenir ces fameuses réserves à bas coût, voire en étant rémunérées. Le montant de ces injections s’élève aujourd’hui à 1 700 milliards d’euros. Les rouages beignent dans l’huile. Et pourtant, malgré le calme revenu sur le marché interbancaire, l’effet escompté (encourager la reprise économique en aidant les banques à prêter aux particulier·ère·s) se fait toujours attendre.

Car aujourd’hui, ce marché sert toujours aux banques à réaliser le « clearing » (s’effacer leurs dettes mutuelles). Mais de la même manière, c’est aussi le lieu de prédilection pour se prêter des « réserves », des « liquidités » et autres produits financiers au taux fixé par un mécanisme entre les banques. Ce taux, c’est l’Euribor (ou le Libor sur la place financière de Londres). Un nom qui rappelle nombre de scandales de manipulation opérés par un cartel bancaire en 2005 et invite dès lors à rester attentif à ces pratiques réservées aux « expert·e·s » sur un marché qui leur appartient mais où les conséquences, bien réelles, impactent le quotidien de millions de personnes.

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