
En 1960, pour la population noire d’Afrique du Sud, la coupe est pleine. Le régime de l’apartheid, centré sur la ségrégation raciale, doit s’arrêter. À Sharpeville, une foule compacte scande des slogans contre le gouvernement. Ils sont entre 3000 et... 20 000 ! Tous noirs. La police, arrivée d’urgence sur les lieux, abat 69 personnes et en blesse 186. Le monde commence à réaliser qu’il faut remédier à la situation en Afrique du Sud. (1)
Le mouvement anti-apartheid appelle la communauté internationale à retirer ses investissements des entreprises présentes en Afrique du Sud. En Belgique, ce boycott lance la réflexion sur l’usage de l’épargne et la solidarité financière.
La croissance par le social
C’est dans ce contexte qu’en 1984, les associations Justice et Paix et Vivre ensemble créent la coopérative Crédal (pour crédit alternatif). En y plaçant leur argent, les coopérateurs choisissent un rendement moral, social et non financier puisque les intérêts sont faibles, voire nuls. Crédal soutient uniquement, par des prêts à taux très modérés, des initiatives luttant contre l’exclusion sociale (avec priorité à l’emploi) et participant à une société plus solidaire. Elle accorde son premier crédit en 1985.
Ça marche !
Investir ou épargner, emprunter ou simplement être conseillé. L’activité de Crédal est multiple et s’adresse tant aux particuliers, qu’aux indépendants, aux ASBL et aux entreprises. Depuis 2005, Crédal dispose également d’un service répondant aux besoins des femmes entrepreneures. En 2009, Crédal a octroyé près de 700 crédits. Ses clients représentent 4130 travailleurs et le crédit aux particuliers a permis la création ou l’accès à l’emploi pour 279 personnes ! Vingt-cinq ans après son premier prêt, Crédal, loin de la logique
de la croissance par la croissance, est la preuve que l’argent peut servir la société au lieu de la soumettre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes...
1. Lacroix Patricia, Biographie de Crédal, avril 2009, p. 3.