Le succès de la banque des pauvres

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14/09/2011
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Auteur(s): 

Editeur: 

Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)

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Partis de rien, des habitants d'une favela brésilienne ont créé leur propre banque et leur propre monnaie. Comment des personnes sans formation économique et sans ressources financières ont-elles pu réaliser un tel coup d'éclat ?

En bref :

  • Les habitants d'une favela s'unissent pour améliorer leurs conditions de vie.
  • Décidés à se réapproprier l'économie locale, ils créent la monnaie baptisée « palmas ».

La monnaie et la banque Palmas sont de véritables succes-stories au Brésil. À tel point que plus de 60 banques sociales ont été créées sur ce modèle, et que la monnaie palmas fait maintenant figure d'outil de lutte contre la pauvreté et l'exclusion en Amérique latine.

Agir plutôt que subir

Tout commence en 1973 à Fortaleza, dans la favela Palmeiras au nord-est du Brésil. La mairie reloge de force les démunis qu'elle expulse du centre-ville pour y construire des hôtels touristiques. Tout manque aux habitants de la favela : des écoles, un hôpital, un accès à l'eau et à l'électricité, un système d'égouts, des transports publics, etc. Les habitants en ont assez et entament une lutte contre les pouvoirs publics pour accéder aux services de base. Grâce à l’aide de la société civile et de quelques paroisses, les premiers résultats se traduisent en 1978 par la construction d'écoles. Au cours de batailles acharnées et d'âpres négociations, l'association des habitants du Conjunto Palmeiras est fondée en 1981. En 1998, plus de 20 ans après le début des revendications, ils obtiennent enfin un accès à l'eau et à l'électricité et les maisons « en dur » commencent à remplacer les habitations de fortune, ce qui pousse les habitants les plus démunis à quitter le quartier car la pauvreté reste une réalité quotidienne. Pour résoudre ce problème, la communauté dé- cide de créer sa propre monnaie.

Nous ne sommes pas pauvres

Les habitants de la favela Palmeiras veulent sortir de la pauvreté. Ils comprennent vite que le peu d'argent qu'ils ont quitte toujours leur quartier sans jamais y revenir. Par leurs achats, ils paient des entreprises qui n'investissent pas localement. En 1998, les habitants constituent une banque coopérative. Grâce à une modeste épargne locale, ils commencent à allouer des microcrédits à la production et à la consommation pour augmenter l'autosubsistance de la favela. En 2002, la volonté commune des habitants de se réapproprier le système économique débouche sur la création de la monnaie complémentaire baptisée « Palmas ». Les palmas ne peuvent être utilisés que dans le quartier, auprès des commerçants locaux. Ils permettent à la population de concentrer les échanges, qui jusque-là sortaient du quartier, à l'intérieur de leur territoire. La Banque Palmas grandit de jour en jour. Trois ans après sa création, après l'avoir menacé de fermeture car elle serait la cause d'une déstabilisation du système économique brésilien, la Banque Populaire du Brésil (BPB), créée par l'ancien président Lula, lui accorde un portefeuille de crédit de 30 000 reais (environ 13 000 euros). C'est le décollage pour la banque Palmas qui devient le correspondant bancaire de la BPB dans les quartiers pauvres. Aujourd'hui, la Banque Palmas a un portefeuille de crédit de 2 millions de reais. Fin 2012, cela fera 10 ans que le palmas circule dans le quartier. Plus de 60 banques sociales ont été créées au Brésil à l'image de cette première expérience.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

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