En bref
- Une initiative locale réussie.
- La coopérative comme vecteur de changement.
Meix-devant-Virton, bourgade ardennaise de 900 habitants située à deux pas de la frontière française, a bien failli perdre sa précieuse épicerie. En 2007, Denise, l’épicière du village, décidait de prendre sa retraite. Un repos bien mérité pour cette indépendante alors âgée de 67 ans. Mais un véritable drame pour les personnes âgées et isolées. Virton est à huit kilomètres certes, mais la ligne de bus est quasi inexistante. Épaulée par le centre d’animation globale du Luxembourg (CAGL), une poignée de motivés décide de prendre la relève. Une réunion est organisée et un toute-boîte est envoyé pour sonder la population. Les retours sont très encourageants.Les habitants veulent maintenir leur épicerie.
Concrètement
Trois cents habitants achètent pour 5 000 euros de parts dans la coopérative. La commune investit 5 000 euros de plus. Ensemble, ils rebaptisent l’épicerie « L’Épicentre ». Le matériel de Denise est racheté et les stocks sont reconstitués. Cette nouvelle collaboration entre les habitants et les représentants communaux fait son effet. Auparavant déserté par les professions indépendantes, le village voit aujourd’hui s’installer un boucher et un libraire. L’économie locale de Meix-devant-Virton reprend du poil de la bête !
Une aventure pleine de défis
Voilà bientôt trois ans que l’épicerie a été reprise. Deux employés du CAGL y travaillent à mi-temps, secondés par des bénévoles. Parmi eux, Denise, l’ancienne épicière. Les chiffres de fin de journée peuvent atteindre jusqu’à 1 000 euros. Suffisant pour maintenir un service de qualité, mais pas de quoi faire vivre une personne à temps plein.
Un nouveau mode de consommation ?
Un autre défi consiste à modifier petit à petit les habitudes des consommateurs. La renaissance de l’épicerie entraîne de nouveaux projets. En partenariat avec l’ASBL Grosses Légumes, l’Épicentre peut désormais proposer
des produits issus de l’agriculture biologique. Une première pour ce commerce de proximité qui ne vendait jusqu’ici que des produits issus de la grande distribution. « La clientèle de toujours n’a malheureusement pas changé ses habitudes de consommation. Par contre, une clientèle parallèle s’est développée. Des habitants de villages avoisinants, ou encore des villageois qui n’étaient pas clients viennent désormais s’approvisionner en produits bio et équitables », déclare Françoise Urbain, cheville ouvrière de l’Épicentre.