Les lobbies industriels font une entrée remarquée dans la plateforme européenne sur la finance durable

01/10/2020
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Novethic

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La Commission Européenne a mis fin aujourd’hui à un suspense de plusieurs semaines en publiant la liste des membres qui vont siéger pendant les deux prochaines années au sein de sa future plateforme sur la finance durable. Elle a modifié en profondeur le profil de la structure qui va succéder au Groupe Technique d’Experts (TEG) : les lobbys industriels y sont beaucoup plus nombreux que les spécialistes de la finance durable.

La liste de la cinquantaine de membres de la plateforme sur la finance durable, instance chargée de conseiller la Commission "sur les initiatives politiques et règlementaires sur la finance durable et plus particulièrement la mise en œuvre de la taxonomie", a été dévoilée le 1er octobre. La sélection effectuée parmi plus de 500 candidatures est un subtil équilibre à l’européenne entre nationalités, genres, représentants de l’industrie, de la finance et des ONG sans oublier les expertises sur la finance durable et les technologies environnementales (voir tableau).

Premier phénomène frappant : le nombre très important de représentants de l’industrie à travers une douzaine d’associations de lobbying sectoriels auxquels s’ajoutent les représentants d’Airbus, le constructeur d’avion européen, d’Iberdrola et de E.On, deux énergéticiens. Ce choix répond vraisemblablement au feu nourri de critiques provenant de l’industrie, auquel Bruxelles a été soumis depuis la publication du référentiel de la taxonomie. Mais on peut s’interroger sur la capacité que pourrait avoir ces acteurs à freiner le déploiement d’un référentiel qui a privilégié une définition exigeante des éco activités pour coller aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne plutôt qu’une amélioration progressive des techniques existantes. 

Petit nombre de praticiens de la finance durable

Autre phénomène frappant, le petit nombre de praticiens de la finance durable présents sur la plateforme. Elles viennent du TEG, comme l’espagnole Helena Viñes Fiestas qui représentera BNP Paribas ou la néerlandaise Brenda Kramer du fonds de pension PGGM. Trois français figurent aussi dans cette catégorie, dont Stéphane Voisin, ancien directeur de recherche ISR chez un broker, qui représente l'Institut Louis Bachelier affilié à Paris Europlace, dont il coordonne le programme de recherche sur la "finance verte et durable". Et deux représentants d'ONG : Thierry Philipponnat pour Finance Watch, qui est aussi le président de la Commission Finance et climat de l’AMF, et Sébastien Godinot qui représentera le WWF et travaille sur la finance durable depuis une quinzaine d’années. 

Les autres ONG sont plutôt spécialisées sur un aspect spécifique de la protection de l’environnement. Agent Green, ONG roumaine, travaille sur la déforestation, la fondation Ellen Mac Arthur sur l’économie circulaire, European Water Association sur tout ce qui touche à la protection et la régulation de l’eau. Fait notable, l’ONG suédoise ChemSec qui bataille pour un meilleur respect de la règlementation REACH sur la toxicité chimique est invitée à participer. Les consommateurs, eux, seront représentés par le BEUC.

Dernier fait marquant : la plateforme compte un membre du groupe d’experts de haut niveau auteur du rapport publié en janvier 2018 qui a donné le coup d’envoi de tout le dispositif européen. Il s’agit Sean Kidney, fondateur de Climate Bonds Initiative. Elle sera par ailleurs présidée par Nathan Fabian, directeur des investissements responsables des PRI (Principles for Responsible Investment), qui était observateur du HLEG et qui a porté et piloté les travaux sur la taxonomie au sein du TEG. ■

 

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