Ma banque ? 0 % carbone ! Pourquoi faut-il désinvestir?

15/06/2015
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Réseau Financité

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Que font nos banques en matière de lutte contre le réchauffement climatique?
Il existe de très nombreux exemples de défis auxquels notre société est confrontée, que ce soit en matière de souveraineté alimentaire, de pauvreté, de droits de l'homme, d'environnement, ... Un de ceux-ci, qui est sûrement un des majeurs auquel notre génération mais peut-être tout simplement le genre humain est confronté est évidemment le réchauffement climatique.

"En 2010, les chefs d'états du monde entier se sont engagés à limiter le réchauffement global à moins de 2°C, seuil au-delà duquel la science indique que les dérèglements climatiques risquent de prendre une allure incontrôlable. On connaît aujourd'hui avec précision la quantité maximale de gaz à effet de serre que l'humanité peut émettre dans l'atmosphère pour respecter cet engagement. Cette quantité, aussi appelée budget carbone, correspond à 1000 GtCO2. Au rythme actuel d'émission, ce budget sera épuisé dans moins de 25 ans. Lors de son passage à Bruxelles en janvier dernier, Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence Internationale à l'Energie (AIE), a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de respecter notre budget carbone, faute de quoi les bouleversements seront tels que nous pourrons « dire bye bye au mode de vie que nous avons connu ces derniers siècles », disait-il"1.

Une étude récente, publiée dans la revue Nature, a par ailleurs mis en évidence le fait qu’un quart seulement des combustibles fossiles connus et exploitables peut être effectivement brûlé si la température globale doit être limitée sous les deux degrés. Ce budget carbone fini implique donc que trois quart des réserves prouvées d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) ne peuvent tout simplement pas être brûlées. Autrement dit, les réserves connues et considérées comme économiquement exploitables sont largement excédentaires. De ce constat est né le concept de bulle du carbone : la valeur estimée des actifs des sociétés extractrices d'énergies fossiles est aujourd'hui surévaluée, car une partie importante de ces actifs doit rester dans le sol.

Par ailleurs, selon l’AIE, le financement de la transition vers une économie bas carbone, compatible avec une hausse maximale de 2° de la température globale, nécessite pas moins de 500 milliards de dollars d’ici à 2020. Pour parvenir à cet objectif, les investissements doivent être massivement réorientés vers des financements verts. Le pouvoir, et donc la responsabilité, des banques en ce domaine est immense: par leurs activités de services financiers, de prêts et de financements de projets, les banques peuvent soutenir les projets d’énergies renouvelables et de technologies vertes, d'une part, et empêcher la construction de nouvelles usines fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES), d'autre part. Les acteurs financiers sont d'ailleurs activement encouragés à développer des financements verts par des ONG qui développent des guides d’information, comme l’organisation américaine CERES, avec « Investing in the Clean Trillion » ou le WWF, avec « ESG integration for banks ».

Les banques répondent-elles pour autant à ce défi ?

Pour le savoir, le centre de recherche de Novethic a épluché la communication publique (rapport annuel, rapport RSE et site Internet) des 32 plus gros groupes bancaires et d’assurance européens. Sa conclusion est sans appel, on est encore loin du compte: « L’analyse des rapports des grandes banques européennes montre qu’elles sont encore loin de jouer un rôle moteur dans ce domaine », notent les auteurs de l’étude. Certes, trois quarts des institutions financières analysées ont publié un indicateur sur leurs financements verts (efficacité énergétique, énergies renouvelables, transport durable, gestion de l’eau ou des déchets…) mais, lorsqu'il porte sur les énergies renouvelables, les méthodologies de calcul sont extrêmement variées, rendant difficile toute comparaison entre les acteurs. Qui plus est, la part des investissements alloués aux projets d’énergies renouvelables n’a pas forcément augmenté depuis l’étude précédente de Novethic en 2012, elle a même parfois diminué et seules 7 entreprises déclarent vouloir augmenter leur part de financements environnementaux. Enfin, ces financements verts ne sont pas mis en perspective avec le financement des énergies fossiles, ce que dénoncent plusieurs rapports d’ONG, comme celui des Amis de la Terre et de Bank Track2.

Le moins que l'on puisse écrire est que l'engagement du secteur financier à assumer sa responsabilité sociétale en ce domaine semble inversement proportionnel au tombereau de publications et autres rapports annuels vantant cette même responsabilité ! Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais…

Mais, n'avons-nous pas notre mot à dire ? C'est quant même l'argent que nous déposons sur leurs comptes d'épargne que les banques utilisent pour financer ces énergies fossiles ! C'est-à-dire notre argent ! Faisons connaître notre opinion à nos banques et exigeons d'elles qu'elles la respecte !


1 Voir l'article signé par des nombreuses associations et publié dans l'Echo le 12 février 2015 "Désinvestissement fossile : nécessité économique et impératif éthique"

2 Charbon : l'argent sale des banques françaises, octobre 2014. Novethic, Quelle contribution des banques et assurances européennes ?, février 2015.

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