25/11/2015
Principe de vertu morale ou péché économique mortel ?
Le trouble s’insinue dans mon esprit:
? Si je n'emprunte pas afin de ne pas vivre endetté (die Schuld), je devrai retarder la possession de l'objet de mon désir ou de mon besoin jusqu’à ce que j'aie accumulé suffisamment d’argent. Dans certains cas, cela signifiera un report sine die de mes envies.
? Si j'emprunte, je pourrai satisfaire dès aujourd’hui mes envies . De plus, l'État me proposera même des réductions d'impôts pendant la durée d'un emprunt hypothécaire ou des aides pécuniaires, des primes,… Curieusement, si je rembourse anticipativement un prêt, je serai souvent sanctionné (clause de remploi) par la banque.
Rembourser avant terme m’appauvrirait donc et gênerait le business de mon prêteur! Ce n’est pas ce que l’adage prétendait.
Du point de vue économique habituel, ça semble donc coincer!
Aujourd’hui, je peux presque tout acheter à tempérament: l’électro-ménager, une voiture, un commerce, des vacances, de l’argent, …
La suggestion est claire: vivez à crédit pour être plus heureux. Les garde-fous légaux n'ont pas été si nombreux ces 20 dernières années pour éviter le surendettement. La seule précaution oratoire légale de tous les prêteurs est: « Attention, emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent » , ce qui ressemble à s’y méprendre à « le tabac nuit gravement à la santé » mais tout le monde s’en fout, l’important étant que vous augmentiez votre pouvoir d’achat ?quitte à vous endetter jusqu’au cou? et que vous profitiez de la vie, quoi. Endettement, surendettement, où diable fixer la limite ?
L'endettement serait-il donc une vertu morale et économique?
L’épargnant serait-il un mauvais citoyen qui ne jouerait pas le jeu de l'indispensable relance économique? C’est pas bien ça!!!
Ne serait-il qu'un égoïste qu’une confiscation de ses avoirs punirait à juste titre? Qui, dans ce contexte, pourrait encore croire à la protection de 100000€ sur les comptes en banque ?
Réfléchissons maintenant aux Pouvoirs Publics.
La contradiction entre la vertu et l’incurie politique semble encore plus flagrante: une Commune, une Région, un État qui n’emprunteraient pas seraient sans doute considérés par « l’Opposition » comme manquants de projets, de dynamisme, d’ambition… par rapport à la nécessité d’un mieux-être commun rapide.
Dans le même temps, la justification de l’Austérité est "le retour indispensable et rapide à l’équilibre budgétaire des finances publiques après des décennies de gabegie, de grands travaux inutiles,... ». Retour à marche forcée vers la Sobriété, vers « moins d’État, mieux d’État ».
Tout semble logique ainsi que son contraire.
Bref, nous sommes déboussolés et adhérer à la théorie du grand complot est tentant.
Une analyse s’impose pour limiter les préjugés: qu’est-ce qu'une dette?
Pourquoi une dette privée n’est-elle pas comparable à une dette publique ?
La Dette: enjeu social, économique, politique, idéologique, moral?
Qui dit Dette, dit emprunt, dit taux d’intérêt, dit contrôle par les Banques centrales, dit concurrence entre États et souvent guerre des monnaies.
Quels sont les mécanismes de ce jeu?
Alors, la Dette: vertu ou faute? Vertu ET faute?