En bref
- La société civile ne laisse pas la finance à la dérive.
- Elle lance les états généraux de la finance responsable et solidaire.
Pendant des années, l’inaction de la société civile a laissé le champ libre au développement de modèles affairistes nourris par l’exaltation du profit et du chacun-pour-soi. C’est que changer de système implique également que l’on change de comportement. Le grand mot d’ordre actuellement est « régulation ». Les gouvernements, soumis au système financier dominant, sont contraints d’agir sur le court terme. Et jusqu’à présent, les États ne proposent pas de changements mais des évolutions du système. C’est pourquoi, fin 2008, le Réseau Financement Alternatif a proposé au monde associatif, aux coopératives et autres sociétés à finalité sociale, aux mutuelles, aux grands mouvements religieux et philosophiques, et aux syndicats de rassembler leurs forces pour réfléchir à un modèle financier alternatif, fondé sur la responsabilité et la solidarité.
Les gens sont prêts à agir
Beaucoup font de la finance solidaire sans le savoir ! Il suffit d’ouvrir les pages d’un magazine pour se rendre compte de l’intérêt croissant pour un système plus participatif. Cette prise de conscience s’inscrit dans le champ plus large de la démocratie participative, de la mobilité douce, de la vague bio, du commerce équitable, des circuits courts... Mais aussi les systèmes d’échanges locaux (SEL),
les groupes d’achats collectifs, les projets éoliens citoyens, les créations de coopératives pour gérer de manière plus démocratique
l’accès aux produits et aux services. Autant d’initiatives qui, bien que marginales face au poids de la finance mondiale, montrent que
le terrain est mûr pour faire émerger de nouvelles initiatives sociales.
Les défis
La finance solidaire, c’est quoi ? L’éducation est le premier défi à relever pour sortir du discours unique. Il s’agit d’outiller et de former le monde éducatif pour que tous comprennent les tenants et aboutissants de la finance solidaire.
Où trouver les bons produits ? L’accès aux investissements éthiques et solidaires est encore très flou pour le grand public. Faciliter cet accès est une étape essentielle pour permettre au citoyen qui le souhaite de modifier ses comportements en matière d’investissement.
Comment avoir confiance ? Il s’agit de lancer un plaidoyer citoyen pour le contrôle de l’argent que nous confions à des tiers via les produits d’épargne/investissement, mais aussi via les produits d’assurance ou l’impôt. L’objectif est d’éviter que le moindre euro soit encore investi dans des activités nuisibles pour l’homme ou l’environnement et, ainsi, favoriser, au travers de l’activité financière, une plus grande responsabilité sociale et environnementale des entreprises et des États.
Quelles garanties légales pour l’ISR ? La loi doit encadrer l’investissement socialement responsable, il en va de l’intérêt de tous. L’ISR pour tous ? Trop de Belges n’ont toujours pas accès aux services bancaires de base. Il s’agit de permettre à chacun d’accéder à et d’utiliser des services et produits financiers, disponibles sur le marché classique, qui soient adaptés à ses besoins et qui lui permettent
de mener une vie sociale normale.
La finance dans tous ses états
Les états généraux de la finance responsable et solidaire veulent dégager des actions concrètes. Ils seront rythmés par des animations
visant à faire comprendre aux participants à quoi sert l’argent solidaire, par des réflexions d’experts autour de l’économie et de l’intérêt général, par l’intervention des syndicats et des principaux partis politiques belges et par la présentation d’un manifeste sur la finance solidaire.