S'active-t-on dans la grande distribution?

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15/06/2010
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Auteur(s): 

Editeur: 

Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)

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Alors que le leader mondial de la grande distribution Wal-Mart est à nouveau épinglé par ses actionnaires, le gestionnaire des fonds de pension de la Colombie-Britannique confirme sa volonté de devenir chef de file en matière de responsabilité sociale de l'entreprise.

En bref

  • Le Congrès du Travail du Canada encourage les actionnaires de Wal-Mart à réagir via leurs fonds de pension.
  • BCIMC : le puissant gestionnaire d’investissement socialement responsable.

Le modèle actuel de la grande distribution répond peu aux préoccupations sociales,éthiques et environnementales. Pour forcer les entreprises à prendre en compte ces préoccupations, les actionnaires peuvent faire pression via le capital investi dans l’entreprise. En déposant des résolutions, en unissant leurs voix et en votant aux assemblées générales, ils peuvent intervenir dans les politiques de gestion et veiller au respect de la bonne gouvernance ou des principes environnementaux et sociétaux.

Le fonds de pension comme munition

Même les géants ont des points faibles. En matière d’éthique, le groupe américain Wal-Mart les collectionne. Pour atteindre son chiffre d’affaires annuel de 405 milliards de dollars, le numéro un mondial de la grande distribution se permet tout : travail des enfants, précarité d’emploi, embauche de travailleurs illégaux, etc.... Quant au droit à se syndiquer, il est fortement déconseillé par les dirigeants. Les travailleurs du Wal-Mart de Jonquière au Québec sont un exemple de cette limitation des droits au sein du groupe. En 2004, alors qu’ils venaient de réussir à se syndiquer, Wal-Mart décidait de fermer le magasin et de licencier chacun des employés. Une affaire relayée par
la presse au bénéfice de Wal-Mart : l’antisyndicalisme permettrait une plus grande performance économique de l’entreprise. Un scandale pour le Congrès du travail du Canada qui explique le succès financier de Wal-Mart par sa politique de prix dénuée de toute préoccupation sociale. Pour y faire face, le Congrès du travail du Canada a mis au point une stratégie : exercer une pression sur les dirigeants de Wal-Mart via les fonds de pension. Les fonds de pension sont constitués par les capitaux des travailleurs précise Ken Georgetti, président du Congrès du Travail du Canada. Les travailleurs sont donc les propriétaires d’une portion importante d’actions dans le monde. Un pouvoir
non négligeable puisque ces fonds ont pour la majorité des investissements dans Wal-Mart, et qu’ils pèsent à eux seuls plus lourd que les revenus de la multinationale !En utilisant ces fonds pour forcer Wal-Mart à réagir, les travailleurs canadiens comptent bien entrer dans une nouvelle ère : celle où la collaboration internationale entre syndicats et fonds de pension fera tomber aux géants de la grande distribution leur "immunité impérialiste".

L’exemple de la Colombie-Britannique

La British Columbia Investment Management Corporation (BCIMC) est une société de gestion des investissements établie à Victoria, en Colombie-Britannique. Avec un actif sous administration de 74,5 milliards de dollars en date du 31 mars 2009 (1), elle compte parmi sa clientèle des régimes de retraite, le gouvernement provincial et des fonds d’assurance qui font d’elle un acteur incontournable de l’économie canadienne. En 2006, la BCIMC soutenait déjà une résolution en faveur d’une meilleure répartition des pouvoirs au sein de la direction du groupe
Nestlé. Sa politique de vote par procuration est décrite dans son Shareholder Engagement Guidelines. Ce document fait également référence aux pratiques d’emploi douteuses exercées par Wal-Mart. La BCIMC ambitionne aujourd’hui de devenir un exemple en matière de responsabilité sociale des entreprises. Le vote par procuration, le dialogue avec les directions des entreprises et la collaboration avec d’autres investisseurs institutionnels y sont devenus prioritaires. Une prise de position qui prouve que la notion de responsabilité sociale des entreprises commence à percer dans le monde de la finance, et que les plus puissants aussi peuvent y trouver leur compte.

S’active-t-on en Belgique ?

AXA, ING, Fortis-BNP-Paribas, Dexia, Citibank, Deutsche Bank, KBC, toutes ces banques utilisent une partie de notre argent pour financer et acheter des actions de Wal-Mart. Au total, le montant investi dans cette chaîne par les banques belges atteint 4,5 milliards d’euros. (2)

(1) www.bcimc.com
(2) Attout Antoine, « Wal-Mart, l’empire du rêve américain »,
www.financite.be, rubrique « bibilothèque ».

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