Interview d'Olivier Jérusalmy - Chercheur au Réseau Financité
La semaine dernière, le directeur de la Banque Nationale de Belgique (BNB), Luc Coene s'inquiétait de la rentabilité des institutions financières, et invitait les banques à facturer aux clients des services d'habitude gratuits : virements, retraits d'argent...
Au-delà de cette annonce qui a le don de surprendre plusieurs économistes, les banques ont pris l'habitude de facturer de plus en plus certaines opérations.
Afin de décourager le client à se rendre en agence pour des opérations simples, les banques font désormais payer les clients pour des opérations « physiques » auparavant gratuites. Chez BNP-Paribas par exemple, un simple virement papier peut être facturé 1 euro.
Les banques ont tout intérêt à favoriser le e-banking ( l’exécution d'opérations bancaires par le client sur le site internet de sa banque). En diminuant le nombre d'opérations en agence, les besoins en personnel et en infrastructures sont réduits. Le consommateur, de son côté peut bénéficier d'un service disponible 24h sur 24 et à domicile.
Toutefois qu'en est-il des personnes ne disposant pas de connexion internet et ne maîtrisant pas les outils informatiques? Ou ne maîtrisant pas suffisamment les langues françaises et néerlandaises qui sont bien souvent les seules disponibles sur les sites internet des banques? Ces personnes sont d'ailleurs bien souvent les plus précarisées et sont donc celles qui ont justement le moins de moyens.
Est-il normal que ces clients paient pour des opérations car elles sont effectuées en agence, alors qu'elles sont gratuites pour les autres clients?
La situation est paradoxale, nous sommes obligés d'utiliser les services bancaires, mais en même temps, les banques rendent leur usage difficiles pour les plus vulnérables d'entre nous.