Victimes du Rana Plaza - Interview de Carole Crabbé secrétaire générale de AchACT

Victimes du Rana Plaza - Interview de Carole Crabbé secrétaire générale de AchACT

Rana Plaza : Tous responsables ?

Il y a déjà plus de deux ans, la catastrophe du Rana Plaza faisait la une de l’actualité. L'effondrement de ce bâtiment industriel au Bangladesh provoquait la mort d'au moins 1 100 travailleurs et plus de 1 500 blessés. Ces ouvriers du textile travaillaient (via des entreprises sous-traitantes) pour des grandes marques occidentales, parmi lesquelles Mango, Benetton, Primark ou encore Carrefour.

Cette semaine, on apprenait qu'un fonds d'indemnisation des victimes à hauteur de 30 millions d'euros était enfin réuni. Si cette annonce constitue un succès pour les organisations qui se battent pour améliorer les conditions de travail dans ce secteur, elle demeure insuffisante.

En effet, ces grandes marques, rejettent tout responsabilité sur leurs sous-traitants et aucune d'entre-elles n'a été condamnée suite à la catastrophe. Le Rana Plaza est également l'arbre qui cache la forêt. Au Bangladesh, ou dans d'autres pays, les conditions de travail des salariés du textile demeurent déplorables. Les salaires sont bien en dessous du minimum vital. Plus spectaculaire encore, des vaguesd’évanouissements collectifs surviennent régulièrement dans les ateliers. Des phénomènes attribués à la sous-alimentation et au surmenage.

Se pose également, la question de la responsabilité des consommateurs. Contribuons-nous à cette situation en achetant des vêtements bon marché? Il a été prouvé que le boycott peut avoir des effets pervers. Il y a bientôt 20 ans, un mouvement de boycott de produits du Pakistan et du Bangladesh avait eu lieu pour dénoncer le travail d'enfants. Ces derniers avaient alors été licenciés et s'étaient retrouvés à travailler dans des conditions de travail encore plus déplorables, voir conduits à la prostitution.