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Ce que la science dit des banques
Fin juillet, l'initiative Science Based Target Initiative (SBTI) a envoyé un signal clair : si les institutions financières veulent atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, elles doivent immédiatement arrêter de soutenir les entreprises encore actives dans le charbon, le pétrole et le gaz, y compris les infrastructures de gaz naturel liquéfié.
6 août 2025
Paragraphe actualités

Ce standard pour la neutralité carbone, basé sur la science, demande concrètement aux banques de publier une politique de transition qui respecte au moins trois critères. Un, mettre immédiatement fin aux financements de projets et d’entreprises liés au charbon. Deux, mettre immédiatement fin au financement de nouveaux projets liés au pétrole et au gaz. Enfin, mettre fin au plus tard en 2030 au financement des entreprises en lien avec le pétrole et le gaz.

Pas si difficile. Ce standard ne demande même pas aux banques d’arrêter de soutenir un projet pétrolier en cours, juste d’arrêter de financer de nouveaux forages ou explorations. Mais ce que les entreprises n’aiment pas, c’est que le SBTI exige d’elles qu’elles réduisent non seulement les émissions de leurs propres installations, mais aussi celles liées aux fournisseurs et, surtout, celles liées à l'utilisation des biens ou services fournis.

Pour les banques surtout, c’est là que le bât blesse. Facile d’isoler ses bâtiments ou d’installer des panneaux photovoltaïques sur le toit des agences, de choisir un fournisseur d’électricité verte, mais la véritable pollution des banques se cache dans les investissements qu’elles réalisent et les crédits qu’elles accordent. « La majorité des services financiers sont accordés directement aux entreprises et pourraient contribuer au financement des 200 milliards de barils issus de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dont l’approbation est prévue entre 2026 et 2030, l’équivalent de 3,6 fois la production mondiale de 2023 », rappelle Reclaim Finance.

L’été dernier, alors que la SBTI n’avait pas encore publié toutes ses directives, plusieurs centaines d’entreprises avaient déjà retiré leur engagement à fixer des objectifs climatiques scientifiques, dont un bon nombre de banques. Belfius avait d’ailleurs été le premier poids lourd de la finance belge à quitter le processus de certification. « Les objectifs fixés à 2030 étaient jugés trop ambitieux en interne », avait révélé Le Soir. Sauf que si les objectifs 2030 ne sont pas respectés, il y a peu de chance pour que nous atteignions la neutralité carbone prévue par l’Accord de Paris en 2050.

Ces standards sont pourtant atteignables. Après Triodos en 2023, c’est Vdk banque qui a obtenu sa certification un peu plus tôt cette année. Cette dernière s’engage donc à réduire ses émissions directes (le volume de chauffage par exemple), se fournir en électricité verte et, surtout, à réduire de 76 % les émissions indirectes de son portefeuille de crédits aux entreprises sur neuf ans et à investir principalement (à 56 %) dans des obligations d’entreprise ayant elles-mêmes des objectifs climatiques certifiés. Pas impossible, donc.

Le message de la STBI est clair : plus aucun service financier ne doit être fourni aux entreprises développant des projets de charbon, pétrole et gaz. Il ne s’agit de pas de bonne volonté ou d’idéologie. La science demande aux institutions de cesser de financer les nouveaux projets fossiles pour que nous ayons une chance de limiter le réchauffement climatique. Mais, à en croire les banques, il faut bien continuer à soutenir le pétrole tant que l’industrie en a besoin.

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